lunedì 20 agosto 2007

MAUPASSANT ET LE NATURALISME

RAPPEL SUR LA CONCEPTION DU ROMAN SELON MAUPASSANT
Parce-que son éditeur jugeait son roman PIERRE ET JEAN trop mince, Maupassant l'a précédé du " Roman" injustement appelé " Préface de Pierre et Jean". Dans ce texte, Maupassant nous livre sa conception du roman.
Il s'interroge sur l'attitude du romancier et affirme que la reproduction exacte de la vie dans une œuvre romanesque est impossible.
Je ne reproduis ici que les passages qui permettent de comprendre l'écriture d' Une Vie.
Extrait du "roman" de 1888
" [...] Le romancier, au contraire, qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d'événements qui paraîtraient exceptionnels.
Son but n'est pas de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre, le sens caché des événements... c'est [sa] vision personnelle du monde qu'il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre. Pour nous émouvoir, comme il l'a été lui-même par le spectacle de la vie, il doit le reproduire devant nos yeux avec une scrupuleuse vraisemblance.
....
Au lieu de machiner une aventure et de la dérouler de façon à la rendre intéressante jusqu'au dénouement, Il prendra son ou ses personnages à une certaine période de leur existence et les conduira, par des transitions naturelles jusqu'à la période suivante. Il montrera de cette façon, tantôt comment se développent les sentiments et les passions, comment on s'aime, comment on se hait, comment on se combat dans tous les milieux sociaux, comment luttent les intérêts bourgeois, les intérêts d'argent, les intérêts de famille, les intérêts politiques.
...S'il fait tenir dans 300 pages 10 ans d'une vie pour montrer qu'elle a été, au milieu de tous les êtres qui l'ont entourée, sa signification particulière et bien caractéristique, il devra savoir éliminer, parmi les menus événements innombrables et quotidiens, tous ceux qui lui sont inutiles, et mettre en lumière, d'une façon spéciale, tous ceux qui seraient passés inaperçus pour des observateurs peu clairvoyants, et qui donnent au livre sa potée, sa valeur d'ensemble."
Commentaire:
Dans Une vie, Maupassant a choisi de raconter une tranche de la vie de Jeanne : de ses 17 ans à ses 49 ans.
Les différentes étapes du parcours de Jeanne sont facilement repérables:
- Sortie du couvent
- Rencontre avec Julien
- Mariage
- Voyage de Noces
- Installation du couple aux Peuples
- Accouchement de Roasalie et révélation de l'infidélité de Julien
- Naissance de Paul
...........
La vision pessimiste du monde et la faillite de l'amour , caractéristiques de la pensée flaubertienne sont omniprésents dans le roman.
- La fidélité conjugale n'existe pas ( même "petite mère"a eu un amant)
- L'amour est un leurre et se résume au plaisir sensuel
-La religion cautionne le vice et la violence
- Paul est un enfant peu tendre avec sa mère
....
- Les rêves ne se réalisent jamais....
Maupassant ne rend compte au lecteur que des éléments qui concernent Jeanne.
- Rien sur le contexte historique et politique de l'époque
- Rosalie réapparaît seulement quand Jeanne a besoin d'elle à la fin du roman.
- Maupassant insiste sur l'inaction et l'immobilisme de Jeanne
- au début du roman, il présente très précisément les rêves de la jeune fille pour mieux démontrer le choc de la désillusion.

L'ATTITUDE DE MAUPASSANT QUANT A LA THEORIE DU NATURALISME
En 1887, dans une lettre à Alexis, Maupassant écrivait : " Je ne crois pas plus au naturalisme et au réalisme qu'au romantisme. Ces mots, à mon sens ne signifient absolument rien et ne servent qu'à des querelles de tempéraments opposés."
Si Maupassant veut dépasser les querelles d'écoles littéraires, il n'en demeure pas moins que sa production romanesque résulte des courants de son époque.
En effet si l'on reprend les caractéristiques de l'esthétique naturaliste( cf#l'esthétique naturaliste), force est de constater qu'elles s'appliquent à Une Vie :
- Refus de l'intrigue à rebondissement.
- C'est une histoire banale, médiocre qui insiste sur la tristesse et la lassitude de la vie ( cf le sous-titre : " l'humble vérité")
-Jeanne n'est pas une héroïne exceptionnelle, peu s'en faut, elle fait pluôt figure d'anti-héros.
- Jeanne est déterminée par son milieu social, la petite noblesse de province, attachée à ses terres ( cf sa répugnance à vendre Les Peuples) et qui se laisse déposséder de son pouvoir, sans rien faire.(les_autres_personnages.htm)
- Jeanne est rès marquée par son éducation et reproduit le schéma de ses parents : Paul est maintenu dans la plus grande ignorance jusqu'à ses 15 ans, comme elle l'avait été jusqu'à 17 ans selon la volonté de son père.
- Comme sa mère elle se nourrira des rêves de ses lectures, elle aura le culte du souvenir et des objets du passé, elle sera soumise à son mari et sera aussi immobile qu'elle.
- Refus d'idéaliser les sentiments: Julien est une brute sexuelle, Paul, un enfant indifférent à sa mère malgré ses nombreuses démarches, Jeanne est fade, l'abbé Tolbiac est cruel et intolérant.
-Aucune complaisance de la part de Maupassant pour aucun de ses personnages.
- Refus de l'imaginaire. dés le début du roman Maupassant laisse entrevoir le destin tragique de Jeanne : il n'y a pas d'issue possible pour elle.
Au regard de ces différentes remarques, on ne peut que conclure à une œuvre naturaliste. Certes la polémique est actuelle ( programme oblige) mais qui d'autre que Zola peut être véritablement romancier naturaliste et Zola l'est-il toujours vraiment ?
La grande différence affichée par Maupassant est le refus de l'écriture purement objective. Etre impartial, oui, être objectif, impossible: " Les partisans de l'objectivité ( quel vilain mot) prétendent nous donner la représentation exacte de ce qui a lieu dans la vie... se bornent à faire passer sous nos yeux les personnages et les événements. Pour eux, la psychologie doit être cachée dans le livre.... Ils cherchent l'action ou le geste que l'état d'âme doit faire accomplir."
Or pour Maupassant, un auteur ne peut rendre de la sensibilité des personnages que par rapport à lui-même aussi , la psychologie des personnages est-elle induite par celle de son auteur. Maupassant va même plus loin : " C'est donc toujours nous que nous montrons dans le corps d'un roi, d'un assassin.... car nous sommes obligés de nous poser ainsi le problème : " Si j'étais roi, assassin... qu'est-ce-que je ferais, qu'est-ce-que je penserais, comment est-ce-que j'agirais ?... L'adresse consiste à ne pas laisser reconnaître ce moi par le lecteur."
Il convient donc de parler de "réalisme subjectif".

CONCLUSION
Qu'ils soient réalistes, naturalistes, les romanciers du XIXème siècle, tels Zola ou Maupassant refusent toute forme d'idéalisme à la George Sand, tout récit qui serait dominé par l'imagination.Leur règle est l'observation minutieuse du réel ; leur but, essayer de rendre compte le plus fidèlement possible de la réalité observée.
MAIS que l'on ne se leurre pas : ROMAN ET REALITE RESTENT DEFINITIVEMENT ANTINOMIQUES : le roman est une œuvre fictionnelle et logiquement différente de la réalité. Aussi faut-il être modéré dans nos jugements et nous garder de toute classification hâtive. Que les romanciers se prétendent " légiste", " huissier", officier d'état civil", ou "médecin", ils suivent tous la même bannière, la réalité, ils ont tous le même souci, s'écarter le moins possible de la réalité quotidienne, et ceci depuis que Balzac a " inventé le roman où l'on mange".
Ce ne sont que diversités de lexiques. Ce qui est sûr, c'est que le romancier de la deuxième partie du XIXème siècle rend compte de la réalité " à travers [son]tempérament et qu'il a été contraint d'opérer des choix car " tout raconter est impossible " .
De plus, prétendre à la pure objectivité est impossible car il faudrait que l'auteur fasse totalement abstraction de lui-même et que sa plume soit guidée par une main anonyme et étrangère à toute forme d'humanité.
Par le seul choix de son sujet, l'auteur implique sa subjectivité : Qui oserait imaginer que Zola ait pu faire l'éloge de la bourgeoisie ou que Maupassant raconte une vie amoureuse épanouie?
Enfin, chaque auteur prend ses distances par rapport au réel par son style. Au risque de sombrer dans une tautologie facile, du Zola n'est pas du Balzac. Il y a toujours stylisation du réel et Gervaise ou Jeanne resteront toujours des personnages de roman, " des vivants sans entrailles" .

Guy De Maupassant, l'auteur et sa vie

Guy de Maupassant est un écrivain français, auteur de romans, de nouvelles et de contes, né le 5 août 1850, selon son acte de naissance, au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques (Seine-Maritime) et décédé le 6 juillet 1893 à Paris.

Biographie
Les Maupassant étaient une vieille famille venue de lorraine qui s’était installée en Normandie au milieu du XIXe siècle. Son père, Gustave Maupassant, avait épousé en 1846 Laure le Poittevin, une demoiselle de la bonne bourgeoisie. Avec son frère Alfred, elle avait été l’amie de Gustave Flaubert, le fils d’un chirurgien de Rouen, qui devait exercer une certaine influence sur la vie de son fils. Elle était une femme d’une culture littéraire peu commune, aimant beaucoup les classiques, particulièrement Shakespeare. Séparée de son mari, elle garda ses deux fils, Guy et Hervé, le plus âgé.
Il passe son enfance à Étretat dans la maison "Les Verguies", où, entre mer et campagne, il grandit dans l’amour de la nature et des sports en plein air ; il va pêcher avec les pêcheurs de la côte et parle patois avec les paysans. Il est profondément attaché à sa mère.
Il entre d’abord au petit séminaire à Yvetot, selon le souhait de sa mère, mais réussit à s’en faire expulser. C'est en ces lieux qu'il commence à versifier, à l'âge de treize ans. De sa première éducation catholique il conservera une hostilité marquée envers la religion. Il est alors envoyé au lycée de Rouen, où il se montre bon élève, s’adonnant à la poésie et participant beaucoup aux pièces de théâtre. C'est là qu'il cotoie Louis Bouilhet et surtout Gustave Flaubert.
Il s’enrôle comme volontaire et se bat vaillamment lors de la Guerre franco-prussienne qui éclate peu après son baccalauréat. Après la guerre, il quitte la Normandie en 1871 et vient à Paris où il passe dix ans comme commis au Ministère de la Marine. Pendant ces dix années d’ennui, sa seule distraction sera le canotage sur la Seine le dimanche et pendant les vacances.
Gustave Flaubert le prend sous sa protection et sera pour lui une sorte de mentor littéraire, guidant ses débuts dans le journalisme et la littérature. Chez Flaubert il rencontra le romancier russe Ivan Tourgueniev et Émile Zola, ainsi que de nombreux écrivains appartenant aux écoles naturaliste et réaliste. Il écrit beaucoup de vers et de courtes pièces.
En 1878 il est transféré au Ministère de l’Instruction Publique et commence à fournir des articles à plusieurs journaux importants comme Le Figaro, Gil Blas, Le Gaulois et l’Écho de Paris. Il consacre ses loisirs à l’écriture de romans et de nouvelles. En 1879, il publie son premier livre, un fascicule d'une centaine de pages "Histoire du vieux temps". En 1880 il publie son premier chef-d’œuvre, Boule de Suif, qui remporte d’emblée un grand succès, dans le manifeste du naturalisme des Les Soirées de Médan, organisées par Zola en 1880. Flaubert qualifie la nouvelle de « chef-d’œuvre qui restera ».
La décennie de 1880 à 1891 est la période la plus féconde dans la vie de Maupassant. Rendu célèbre par sa première nouvelle, il travaille méthodiquement et produit annuellement deux et parfois quatre volumes. Le sens des affaires joint à son talent lui a apporté la richesse.
En 1881, il publie son premier volume de nouvelles sous le titre de La Maison Tellier, qui atteint en deux ans sa douzième édition ; en 1883, il termine son premier roman, Une vie, dont vingt cinq mille exemplaires sont vendus en moins d’un an. Avec les droits d'auteur de "La Maison Tellier" il se fait construire sa maison "La Guillette" à Etretat.
Dans ses romans, il concentre toutes ses observations dispersées dans ses nouvelles. Son second roman, Bel-Ami, paraît en 1885 et connaît trente-sept tirages en quatre mois. Des ouvrages marquants par le style, la description, la conception et la pénétration s’échappent de sa plume féconde. Il écrit à cette époque l'un de ses chefs-d’œuvre, Pierre et Jean.
Son aversion naturelle pour la société le porte vers la retraite, la solitude et la méditation. Il voyage longuement en Algérie, en Italie, en Angleterre, en Bretagne, en Sicile, en Auvergne et chaque voyage est pour lui synonyme de volumes nouveaux. Il fait une croisière sur son yacht privé nommé « Bel-Ami » d’après son roman. Cette croisière, où il passe par Cannes, Agay et St Tropez lui inspirera Sur l'eau. Cette vie fiévreuse ne l’empêche pas de nouer des amitiés parmi les célébrités littéraires de son temps : Alexandre Dumas fils lui voue une affection paternelle. Guy tombe également sous le charme de l’historien-philosophe Taine qu’il rencontre à Aix-les-Bains
Flaubert demeure cependant son parrain littéraire tandis que l'amitié de Maupassant avec les Goncourt est de courte durée ; sa franchise et son regard acéré sur la comédie humaine s'accommodent mal de l’ambiance de commérage, de scandale, de duplicité et de critique envieuse que les deux frères ont créée autour d’eux sous l’apparence d’un salon littéraire à la manière du XVIIIe siècle.
Durant ses dernières années se développe en lui un amour exagéré pour la solitude, un instinct de conservation maladif, une crainte constante de la mort et une certaine paranoïa, peut-être dus à la syphilis qu’il avait contractée pendant ses jeunes années. Le premier janvier 1892, il fait une tentative de suicide en tentant de s'ouvrir la gorge. Il est alors interné à Paris dans la clinique du Dr Émile Blanche où il meurt de paralysie générale, un mois avant son 43e anniversaire, le 6 juillet 1893, après dix-huit mois d'inconscience presque totale. Sur l’acte de décès figure la mention « né à Sotteville, près d’Yvetot » qui ouvrira la porte à une polémique concernant son lieu de naissance.
Il est enterré sans cercueil au cimetière de Montparnasse à Paris, (26° division).